À 7 doors, un centre de trafic de drogue dans old town Bamenda, un groupe de policiers à moto en patrouille ont tué l’un des leurs.
Par Ali Dan Ismael – Rédacteur en chef, The Independentist
Bamenda s’est réveillée, ce lundi 11 août 2025, au son des coups de feu à Old Town. Le soir venu, l’histoire était sur toutes les lèvres : un policier avait abattu un autre policier.
La victime venait tout juste d’arriver de Garoua. Ce matin-là, il serait allé acheter de la marijuana ou de la drogue dans un endroit appelé 7 Doors. Il était en civil et portait une arme à feu.
Un groupe de policiers circulant à moto l’a aperçu. Ils ont pensé qu’il s’agissait de « Uncle Ambe », un homme recherché. Ils ont ouvert le feu. Quelques minutes plus tard, ils ont réalisé leur erreur : ils avaient tué l’un des leurs.
Si cet homme avait été un simple civil, la version officielle serait déjà connue :
« Des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu et pris la fuite. »
Mais comme le défunt portait le même insigne que ses tireurs, la vérité a éclaté au grand jour. Et avec elle, un aperçu de la véritable mécanique du récit officiel des « hommes armés non identifiés ».
Le mensonge favori du régime
Depuis des années, chaque fois que des civils sont abattus en Ambazonie, la ligne officielle est la même : ce n’était pas l’armée, ce n’était pas la police — c’étaient « des hommes armés non identifiés ».
Mais qui sont ces mystérieux hommes armés ? La vérité saute aux yeux. Ce sont des miliciens armés par l’État, opérant sous l’autorité du ministère de l’Administration territoriale, dirigé par Paul Atanga Nji.
Ces hommes ne portent pas d’uniforme. Ils se fondent dans la foule. Ils portent des armes fournies par l’État. Ils travaillent aux côtés de l’armée. Et lorsqu’ils tuent, le régime accuse les combattants ambazoniens — ou laisse le crime non résolu.
Quand la vérité échappe au contrôle
Des incidents comme celui d’Old Town sont rares, non pas parce qu’ils ne se produisent pas, mais parce que la vérité est presque toujours étouffée.
Plus tôt cette année, dans ce qu’on a appelé l’« Affaire de la vidéo », des civils ont filmé des miliciens liés à l’État, en civil, en train de commettre un meurtre. Sur les images, leurs armes et leur coordination étaient claires. Pourtant, la déclaration officielle les qualifiait encore « d’hommes armés non identifiés ».
L’affaire d’Old Town est différente. Cette fois, la victime faisait partie des forces de sécurité. L’erreur ne pouvait pas être enterrée.
Pourquoi c’est important
Il ne s’agit pas seulement d’une fusillade à Bamenda. Il s’agit d’un système. Un système où des milliers de miliciens armés par l’État opèrent en civil, tuent à volonté et se cachent derrière une étiquette conçue pour tromper.
L’incident d’Old Town arrache le masque. Il montre que les « hommes armés non identifiés » ne sont pas des étrangers. Ils font partie de la machine de guerre du régime.
Et quand la mauvaise personne est tuée — comme à Old Town — la vérité apparaît brièvement avant que le prochain mensonge ne soit raconté.
Une vision d’ensemble
De Mamfe à Buéa en passant par Bamenda, cette tactique se répète :
Armer des loyalistes en civil.
Les laisser agir sans rendre de comptes.
Imputer les meurtres aux combattants ambazoniens.
C’est une stratégie de guerre sale, déjà vue au Liberia, en Sierra Leone et ailleurs — et elle laisse derrière elle un sillage de chagrin, de peur et de méfiance.
La fusillade d’Old Town est plus qu’une erreur tragique. C’est une preuve. La preuve que le récit des « hommes armés non identifiés » sert de bouclier à la violence du régime.
Un avertissement présidentiel
Le président Dr Samuel Ikome Sako a réagi depuis l’exil par un message clair :
« Depuis des années, nous affirmons que le régime de Paul Biya mène une guerre de l’ombre avec des tueurs en civil. La fusillade d’Old Town confirme ce que nous savons depuis toujours : les soi-disant “hommes armés non identifiés” sont des agents de l’État qui se cachent derrière des mensonges. Notre peuple ne doit plus jamais être trompé. Chaque communauté doit rester vigilante, et le monde doit cesser de donner à Yaoundé un permis de tuer en toute impunité. »
Pour une fois, le masque est tombé. Reste à savoir si le monde gardera les yeux ouverts cette fois-ci.
Ali Dan Ismael
Leave feedback about this