Joshua Osih est plutôt un urbain, jeune d’apparence, bien connecté et élégant qui utilise ses réseaux familiaux, son influence dans les affaires et son charme pour projeter l’image d’un homme politique enraciné en Afrique, tout en jouissant des privilèges et des attaches de son identité étrangère comme véritable persona.
Par The Independentist
En politique, les apparences peuvent être trompeuses. Pendant des années, Joshua Nambangi Osih a porté les couleurs de l’opposition, dirigeant le Social Democratic Front (SDF) et se présentant comme un challenger au long règne de Paul Biya. Mais pour de nombreux Ambazoniens, le masque est tombé en 2021, révélant non pas un réformateur combatif, mais une figure dont les actes semblaient servir le système même qu’il prétendait combattre.
Cette année-là, Osih a rejoint 61 députés du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) au pouvoir pour signer une lettre adressée au Congrès américain. Cette lettre demandait l’expulsion des militants indépendantistes ambazoniens vivant à l’étranger — des personnes qui avaient fui la guerre, la persécution et la répression politique. Soixante et un signataires appartenaient au parti au pouvoir. Osih fut le seul député de l’opposition à apposer sa signature.
La lettre, rédigée au cabinet du Premier ministre, n’était guère plus qu’un tampon politique. Mais la participation d’Osih était différente. Elle avait un poids symbolique : le chef du plus grand parti d’opposition du Cameroun s’alignant, sans réserve, sur le régime même accusé d’alimenter le conflit dans le Cameroun méridional. Pour les Ambazoniens, cela ressemblait à une trahison — le moment où leur prétendu leader de l’opposition franchissait la ligne.
Un bilan d’indifférence et de fausses allégations
Durant toutes ces années de bain de sang en Ambazonie, Osih n’a jamais montré de réelle préoccupation pour le coût humain du conflit. Alors que des milliers de personnes étaient tuées, des villages incendiés et des millions déplacés, il est resté largement silencieux. Une fois, il est même allé plus loin — affirmant avoir découvert personnellement des mercenaires étrangers formant des groupes d’autodéfense ambazoniens. L’histoire était fausse, mais elle servait à nourrir le récit du régime selon lequel la cause ambazonienne serait une rébellion importée plutôt qu’une résistance née sur place face à des décennies d’oppression.
Une vie entre deux mondes
Né d’une mère suisse et d’un père camerounais, Osih a grandi à Yaoundé comme ami d’enfance de Frank Biya, le fils du président. Après le CPC Bali et un diplôme en marketing, il est entré dans le secteur aérien. Son entreprise aurait organisé les déplacements fréquents du président Biya vers la Suisse — un pays dont Osih possède également la nationalité.
Sur le plan politique, il représente Douala — une ville au cœur du Cameroun francophone — et n’a jamais vécu de manière significative dans la région du Sud-Ouest, d’où son père serait originaire. Il est ironique qu’une figure aussi absente prétende défendre la cause des Ambazoniens. Il est même peu probable qu’il parle l’un des dialectes locaux qui attachent véritablement un individu à ses racines.
Osih est plutôt un urbain — jeune d’apparence, bien connecté et élégant — qui utilise ses réseaux familiaux, son influence dans les affaires et son charme pour projeter l’image d’un homme politique enraciné en Afrique, tout en jouissant des privilèges et des attaches de son identité étrangère comme véritable persona. Ces circonstances personnelles et politiques poussent beaucoup à voir le SDF dirigé par Osih non pas comme une force de changement, mais comme une « opposition loyale » destinée à donner l’illusion du pluralisme tout en préservant les intérêts du régime.
La réponse du Dr Sako
Le Dr Samuel Ikome Sako, président de la République fédérale d’Ambazonie en exil, a été clair sur ce que représente la lettre de 2021 :
« Aucun véritable leader du peuple ne peut se tenir aux côtés de son oppresseur contre les siens. La lettre de 2021 adressée au Congrès américain n’était pas simplement une erreur politique — c’était un effondrement moral. Tout parti ou homme politique qui prête sa signature à la persécution des Ambazoniens s’aligne, par cet acte, sur la machine de l’oppression.
Notre lutte n’est pas contre des individus mais contre un système qui nous a nié notre droit à l’autodétermination pendant plus de six décennies. Nous ne serons pas distraits par des figures de l’opposition qui choisissent le confort plutôt que la conscience. Le SDF, s’il veut retrouver sa crédibilité, doit écarter les dirigeants liés au régime et revenir à sa mission fondatrice — se tenir pour la liberté, la justice et la démocratie. D’ici là, les Ambazoniens suivront leur propre chemin vers l’indépendance, guidés par l’histoire, le droit et la volonté inébranlable de notre peuple. »
En fin de compte, un portrait va au-delà de l’image. Il capture l’essence et l’intention. Et dans le cas de Joshua Osih, le portrait qui se dessine est celui d’un homme politique qui ne représente l’opposition que de nom — une présence fantôme dans une bataille qui exige du concret.
The Independentist