Editorial

Le retrait de Kamto, la fermeté de Sako : deux trajectoires opposées

Maurice Kamto. Il a finalement choisi de se retirer discrètement — en remboursant les dons de campagne et en quittant la scène sans résistance — laissant derrière lui une vague de désillusion.

Par The Independentist
7 août 2025

Il existe des moments dans la vie d’une nation où le vrai visage de ses leaders se révèle. Le retrait récent de Maurice Kamto de la course présidentielle de 2025 au Cameroun est l’un de ces moments. Considéré pendant des années comme un réformateur courageux, Kamto a finalement choisi de se retirer discrètement — en remboursant les dons de campagne et en quittant la scène sans résistance — laissant derrière lui une vague de désillusion.

Pour beaucoup, Kamto représentait l’espoir. Il parlait de réforme. Il osait défier la longue dictature de Paul Biya. Il était populaire auprès des jeunes, de la diaspora et d’une grande partie de l’élite urbaine. Mais au final, lorsque le régime lui a fermé les portes des urnes, il n’a pas résisté. Il n’a pas mobilisé le peuple. Il n’a pas contesté l’injustice. Il s’est simplement effacé.

Ce n’était pas un acte de leadership. C’était une reddition.

Et peut-être que, rétrospectivement, cela ne pouvait se terminer autrement.

Car on ne va pas à une fusillade armé d’un couteau.

Kamto pensait pouvoir démanteler une dictature vieille de quarante ans avec des leçons de civilité. C’était une erreur fondamentale. Il croyait que la diplomatie et les arguments juridiques suffiraient face à un système construit sur la peur, la fraude et le soutien étranger. Mais des régimes comme celui de Biya ne cèdent pas à la courtoisie. Ils ne réagissent qu’à la force — morale, politique ou populaire.

La chute de Kamto dépasse sa personne. Elle a brisé l’espoir de ceux qui avaient misé sur lui — y compris certains responsables du mouvement pour l’indépendance du Cameroun méridional.

Dans les semaines précédant son exclusion, le leader ambazonien emprisonné, Sisiku Ayuk Tabe, avait publiquement soutenu Kamto. Il assurait à ses proches que les détenus ambazoniens seraient bientôt libérés, voire nommés à des postes ministériels, une fois Kamto élu. Il avait placé sa foi dans un homme qui jouait selon des règles écrites à Paris, non à Buea.

Et il n’était pas seul. Le Dr Cho Ayaba, autrefois fervent défenseur de l’indépendance, s’était lui aussi discrètement aligné sur les ambitions de Kamto.

Aujourd’hui, ils se retrouvent les mains vides. Leur pari a échoué.

Mais tout le monde n’a pas été dupé. Une voix est restée claire et constante dans le leadership ambazonien : celle du Dr Samuel Ikome Sako, Président de la République Fédérale d’Ambazonie. Il n’a jamais vacillé dans sa conviction :

Aucune participation aux élections du Cameroun.
Le jeu de l’esclavage est terminé.

Le message de Sako est limpide : les élections au Cameroun ne sont pas un exercice démocratique. Ce sont des mises en scène — une illusion de changement conçue pour maintenir le contrôle néocolonial français et perpétuer l’annexion du Cameroun méridional. Y participer, c’est se soumettre. Ce n’est pas un choix politique. C’est un abandon politique.

L’Ambazonie, sous la direction du Dr Sako, a choisi une voie plus dure : celle de la non-coopération, de la résistance et de la souveraineté. Ce chemin n’est pas pavé de confort, mais il est tracé par l’histoire : c’est le seul qui mène à la liberté.

À nos frères et sœurs bamilékés, nous parlons avec respect et honnêteté. Votre peuple a construit des empires économiques et démontré une discipline remarquable. Mais la transformation politique ne suit pas automatiquement la réussite économique. Elle naît de la volonté. Et cette volonté se mesure non pas dans l’aisance, mais dans l’épreuve. La chute de Kamto ne doit pas éteindre vos aspirations, mais plutôt vous inviter à une réflexion lucide : le pouvoir politique ne se gagne pas dans l’ombre du silence.

Le départ de Kamto n’est pas un revers pour l’Ambazonie. C’est une confirmation. Une confirmation que nous avions raison de rejeter les faux messies. Raison de refuser les bulletins de vote de nos oppresseurs. Raison de rester debout, ancrés dans la vérité, et non dans la facilité.

Que le monde comprenne bien :
L’Ambazonie ne se laisse pas emporter par le théâtre politique de Yaoundé.

Nous avançons au rythme de nos martyrs.
Portés par le souvenir de nos villages incendiés,
par l’espoir de nos réfugiés,
par les larmes de nos prisonniers,
et par la promesse que ni prison, ni balle, ni mensonge ne pourra arrêter la naissance d’une Ambazonie libre et souveraine.

Kamto s’est retiré.
Mais nous, nous nous levons.

Desk éditorial de The Independentist

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