Opinion

LA FABRICATION D’UN TYRAN : Paul Biya et le Plan Français pour une Subjugation Néocoloniale

Paul Biya le Tyran bien PROTÉGÉ


Par Joseph FritzMcBobe, Correspondant local, Quartier Endeley, Bokwango, Buea
(+237) 697889553

Introduction : Le Tyran n’est pas Né – Il a été Fabriqué
L’ascension de Paul Biya au pouvoir au Cameroun n’est ni un hasard de l’histoire, ni le fruit d’une quelconque évolution démocratique. Elle résulte d’une stratégie postcoloniale bien rodée de la France : gouverner l’Afrique non plus par des gouverneurs coloniaux, mais par des supplétifs africains loyaux, formés pour servir les intérêts français sous le masque de la souveraineté. Biya en devint l’archétype parfait.

Comprendre la tyrannie de Biya, c’est comprendre le génie français en ingénierie politique subtile – choisir non pas des leaders africains forts, mais des élites malléables capables de préserver la domination française tout en feignant l’indépendance. En Biya, Paris a trouvé un esprit docile, émotionnellement distant, secret à l’extrême, avec une foi quasi mystique dans l’ordre et la hiérarchie. La France ne vit pas un homme – elle vit un instrument.

Le Ventre Colonial : Là où naissent les Tyrans
Né en 1933 à Mvomeka’a, un petit village reculé dans le cœur du pays Beti-Bulu (Région du Sud de la République du Cameroun), Biya grandit sous la domination coloniale française directe. Il fut élevé dans un monde où l’homme blanc était dieu, loi et vie. Les écoles étaient françaises. Les églises, françaises. La presse, l’armée et l’État : entièrement contrôlés par la France. Réussir signifiait imiter, se soumettre et intégrer la supériorité française.

Biya fit les trois.

Éduqué dans des séminaires catholiques d’élite, puis formé à Paris à l’Institut d’Études Politiques, Biya fut conditionné pour la servitude – non pour le leadership. Contrairement à ses contemporains révolutionnaires comme Nkrumah ou Sankara, Biya ne chercha jamais à défier la France ; il perfectionna plutôt l’art de lui être utile.

La Personnalité Choisie par la France
Biya était un technocrate, non un populiste. Silencieux, mesuré, extrêmement prudent, et sans base politique propre. Pour la France, c’était une qualité. Il ne représentait aucune menace pour leurs intérêts, ne nourrissait aucune ambition panafricaine, et manquait du charisme susceptible de mobiliser les masses.

Là où Ahmadou Ahidjo – le premier président post-indépendance – était un homme fort appuyé par une base musulmane du Nord, Biya était perçu comme plus cosmopolite, éduqué à la française, et apolitique. Le remplaçant idéal. Lorsque Ahidjo démissionna sous une pression mystérieuse en 1982, Biya accéda au pouvoir – non en vainqueur, mais en vassal.

Le Supplétif Idéal de la France
La loyauté de Biya envers la France était quasi religieuse. Son premier grand déplacement diplomatique en tant que président ne fut ni à l’ONU ni à l’OUA, mais à Paris. Pendant des décennies, Biya accorda aux entreprises françaises des monopoles sur le pétrole, les infrastructures, la formation militaire et la monnaie (via le franc CFA). En retour, la France le protégea contre les critiques, les contestations et la pression internationale.

Ce que Biya n’avait pas en leadership, il le compensait par l’obéissance. La France ne s’est jamais intéressée au développement du Cameroun – seulement à la continuité. Biya lui offrit exactement cela.

La Construction de la Tyrannie : Les Outils du Contrôle
Une fois au pouvoir, Biya s’empressa de bâtir une machine autoritaire sophistiquée – dont l’architecture portait la marque de la France :

Centralisation du pouvoir : Sous le couvert de la « Libéralisation Communale » (son manifeste politique), Biya promut une idéologie trompeuse d’unité par le contrôle. La décentralisation n’était qu’un mirage. Le pouvoir réel restait concentré entre ses mains.

Répression des anglophones : Pour imposer l’« unité nationale », les régions anglophones du Southern Cameroons furent systématiquement marginalisées. Leurs systèmes juridiques, éducatifs et leur autonomie culturelle furent démantelés.

État d’urgence permanent : Biya gouvernait par décret, pouvoirs d’exception et crises fabriquées. La peur du chaos justifiait la dictature.

Mimétisme politique : Des élections étaient organisées, mais c’étaient des mascarades. Les opposants étaient emprisonnés, cooptés ou faisaient l’objet de disparitions. Le Parlement était décoratif.

Propagande et mythe fondateur : Les médias d’État déifiaient Biya comme le « Père de la Nation » tout en réprimant la dissidence. Son absence devint stratégie. Son silence, loi.

L’Héritage du Tyran : Camouflage et Effondrement
Dans les années 2000, Biya était devenu un président fantôme – dirigeant depuis des suites luxueuses à Genève pendant que le Cameroun sombrait dans la pauvreté, les conflits et la décomposition. Les routes s’effondraient. Les universités stagnaient. Les hôpitaux pourrissaient. Mais les entreprises françaises prospéraient. La tyrannie n’était plus gouvernance – c’était la préservation de la laisse française sur l’Afrique centrale.

Sa guerre contre l’Ambazonie n’était pas simplement une répression interne – elle incarnait l’aboutissement du plan français : briser toute forme d’identité infra-nationale pouvant remettre en cause le contrôle centralisé. Le génocide au Southern Cameroons est la conclusion logique du pacte colonial.

Succession : Qui la France Choisira-t-elle Ensuite ?
À l’approche de la fin du règne de Biya, aujourd’hui âgé de 93 ans, tous les regards se tournent vers l’avenir. La question n’est pas : Qui le peuple choisira-t-il ? Mais plutôt : En qui la France aura-t-elle confiance ?

Des candidats sont testés – non pour leur vision, mais pour leur docilité.

Successeurs potentiels appuyés par la France :

Franck Emmanuel Biya – Fils du président. Peu charismatique, obscur, protégé par l’élite sécuritaire Beti-Bulu. Candidat de continuité, mais sans légitimité au-delà du clan.

Joseph Dion Ngute – Anglophone de nom seulement. Nommé PM pour calmer l’Ouest, mais largement vu comme une marionnette.

Jacques Fame Ndongo / Laurent Esso – Technocrates du régime et piliers du pouvoir. Loyaux, brutaux, sans soutien populaire.

Chantal Biya (ou ses relais) – Par son réseau matrimonial et ses alliés économiques, elle a tissé une alliance discrète d’élites prêtes à façonner l’après-Biya.

Généraux Beti-Bulu – Des militaires comme René Claude Meka pourraient émerger comme faiseurs de rois, plaçant un civil de façade à la tête d’un État militaire.

Mais la véritable tragédie est celle-ci : aucun de ces noms ne reflète la volonté du peuple camerounais. Comme Biya, ce sont des candidats de la continuité coloniale – sélectionnés non pour leur amour du pays, mais pour leur obéissance à un maître lointain.

Conclusion : Le Tyran Meurt, mais le Système Reste
Paul Biya est le chef d’État le plus ancien d’Afrique non parce qu’il a surpassé son peuple, mais parce qu’il a su servir ses maîtres. Sa tyrannie a été conçue, maintenue et blanchie par le système français de gouvernance indirecte – et le Cameroun n’en est que le prototype malheureux.

La fabrication d’un tyran n’est jamais locale – elle est internationale. L’avenir du Cameroun, et de l’Ambazonie en particulier, ne repose pas sur le remplacement de Biya par un autre pantin, mais sur le démantèlement de l’appareil entier qui l’a rendu possible.

Tant que cela ne sera pas fait, l’ombre du colonialisme continuera à parler français.

Joseph FritzMcBobe,

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