Par Ali Dan Ismael, Rédacteur en chef
Un complot diplomatique top secret se trame à Yaoundé
Yaoundé, 7 juillet 2025 — Des renseignements recueillis auprès de sources diplomatiques révèlent qu’une réunion de haut niveau à huis clos s’est récemment tenue à l’ambassade de France à Yaoundé, présidée, selon les informations, par l’ambassadeur par intérim de France au Cameroun. D’après des sources proches du dossier, les participants ont examiné une proposition visant à :
Reporter les élections présidentielles camerounaises prévues en 2025 de deux ans ;
Installer le Premier ministre Joseph Dion Ngute comme chef du gouvernement par intérim durant cette transition prolongée.
Si cette manœuvre est confirmée et mise en œuvre, elle pourrait bouleverser profondément le paysage politique tant au Cameroun que dans les territoires contestés du Cameroun méridional (Ambazonie), soulevant de sérieuses inquiétudes quant à la continuité démocratique, la légitimité constitutionnelle et l’ingérence étrangère.
Une transition ou une pause tactique ?
Les partisans du plan soutiennent qu’une telle transition permettrait de stabiliser les tensions internes, notamment dans les régions touchées par le conflit. Mais les critiques préviennent qu’il s’agit peut-être d’un mécanisme sophistiqué pour suspendre la reddition de comptes électorale et consolider un pouvoir soutenu par des puissances étrangères sous couvert de réformes.
Ce scénario s’inscrit dans une stratégie plus large, déjà documentée par plusieurs analystes et observateurs des droits humains, selon laquelle la France utilise régulièrement des intermédiaires locaux pour gérer les troubles dans ses anciennes colonies—souvent au détriment de la légitimité démocratique ou des aspirations à l’autonomie des populations.
Alliances mouvantes et opposition instable.
À l’approche de l’échéance électorale de 2025, les mouvements politiques s’intensifient :
Maurice Kamto, figure majeure de l’opposition, serait en train de former des coalitions régionales, avec un certain soutien de détenus anglophones, notamment Sisiku Ayuk Tabe et des membres de la faction AGovC.
Dans l’Extrême-Nord, des politiciens comme Bouba Maigari et Issa Tchiroma Bakary auraient tenu des réunions consultatives avec des diplomates français, en anticipation d’un réalignement post-Biya.
Fait surprenant, le parti au pouvoir, le RDPC, n’a toujours pas officiellement désigné de candidat présidentiel, amenant certains observateurs à penser que les véritables décisions se prennent en coulisse, en coordination avec les intérêts diplomatiques français à long terme au Cameroun.
Le retour de Dion Ngute ravive le débat en Ambazonie
En Ambazonie, la nomination de Joseph Dion Ngute comme chef de gouvernement par intérim suscite des réactions partagées. Lors d’une récente visite dans la région, M. Ngute a provoqué l’indignation en déclarant que « les villes mortes ont paralysé l’économie locale ».
Ses propos ont été largement condamnés par les habitants et la diaspora, qui rappellent que l’effondrement économique en Ambazonie précède largement le mouvement de désobéissance civile, et trouve ses origines dans des décennies de négligence systémique, d’exploitation économique et de démantèlement industriel.
Les observateurs rappellent notamment la disparition de :
La Cameroon Bank (prétendument pillée par des consultants étrangers) ;
Powercam, CDC, PAMOL, UNVDA et Tole Tea ;
Les ports de Tiko et Victoria aujourd’hui désaffectés ;
Et les aérodromes abandonnés de Bali, Tiko, Nken et Bisongabang.
Pour beaucoup, il ne s’agit pas là des conséquences de la contestation populaire, mais bien des symptômes d’un déclin structurel alimenté par une mauvaise gouvernance chronique et un sous-investissement généralisé.
Échos de Bamenda : La paix promise est-elle arrivée ?
Il y a quelques mois à peine, l’ambassadeur de France — accompagné de plusieurs diplomates européens — s’était rendu à l’Alliance Française de Bamenda, où il avait déclaré publiquement que « la paix arrive à Bamenda ». Cette déclaration, largement relayée dans les médias locaux, avait suscité l’espoir d’une nouvelle ère de dialogue et de démilitarisation.
Aujourd’hui, cet espoir semble trahi.
Si le plan de transition actuellement discuté est le fruit de ce message, les Ambazoniens ont toutes les raisons d’être profondément inquiets. Un report de deux ans dirigé par un fonctionnaire nommé à l’ère coloniale ne représente pas la paix—mais bien la dissimulation, la diversion et une tromperie calculée.
Ambazonie, prends garde.
Si cette manœuvre est acceptée sans résistance, elle ne deviendra pas seulement un arrangement politique, mais un précédent. Un précédent qui officialise le contrôle externe, invalide l’autodétermination et approfondit la dépendance vis-à-vis de solutions importées.
Pour de nombreux Ambazoniens, la leçon est désormais claire :
« Si nous cédons cette fois, ce sera une haute trahison—et le prix à payer pourrait être éternel. »
Leadership et légitimité dans l’espace ambazonien
Contrairement à la proposition de transition soutenue par la France, les institutions ambazoniennes continuent de soutenir le Dr Samuel Ikome Sako, élu président de la République Fédérale d’Ambazonie en 2018. Le Dr Sako bénéficie d’un large appui à travers la diaspora et les mouvements de défense locale, malgré les défis internes et les revendications concurrentes.
Les détracteurs du plan de transition estiment que l’imposition d’une quelconque administration intérimaire sans consentement démocratique—surtout si elle est négociée dans les cercles diplomatiques étrangers—risque d’aggraver la méfiance et de saboter tout potentiel de dialogue.
« Le Cameroun entre dans une phase délicate », a noté un analyste politique basé à Douala.
« Le report des élections et le remaniement de la direction à huis clos peuvent gagner du temps, mais cela pourrait aussi déclencher une résistance et discréditer toute tentative de réforme avant même qu’elle ne commence. »
Conclusion : La transparence, pas les tactiques
En cette période d’incertitude nationale, le peuple camerounais — et la communauté internationale — mérite la transparence, l’inclusion et une clarté constitutionnelle. Toute transition politique doit respecter l’état de droit, refléter la volonté populaire, et éviter de renforcer la perception d’une manipulation étrangère.
Reporter les élections ou réorganiser la gouvernance par des canaux diplomatiques dissimulés peut paraître pratique à court terme, mais l’histoire montre que ces tactiques entraînent souvent une instabilité durable.
L’avenir de l’Ambazonie ne peut pas s’écrire derrière les portes des ambassades.
Ali Dan Ismael
Leave feedback about this