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Le Portrait de la Professeure Émérite Dorothy Njeuma : Pionnière Devenue Loyaliste du Régime

Dorothy L. Njeuma: Son rôle y fut particulièrement controversé lors du dernier grand scandale électoral. Selon plusieurs témoignages, elle fut instrumentale dans l’élimination de la candidature du professeur Maurice Kamto

Par The Independentist

Enfance et Formation

Née Dorothy Limunga Effange en juin 1943 dans le Cameroun méridional britannique, elle grandit à une époque où les filles avaient peu ou pas d’accès à l’enseignement secondaire. Déterminée à réussir, elle poursuivit sa scolarité au Nigeria, au Queen’s School d’Enugu (1955–1962).

Son excellence académique lui valut une bourse du Programme africain de bourses pour les universités américaines, qui l’amena à l’Université Brown (1962–1966) aux États-Unis, où elle obtint une licence en biologie. Elle poursuivit ensuite ses études à l’University College de Londres (1966–1970), où elle décrocha un doctorat en zoologie — devenant ainsi l’une des premières Camerounaises à atteindre un tel niveau. À cette époque, elle incarnait l’espoir et l’inspiration d’une génération.

Carrière Académique

De 1970 à 1975, Njeuma fut professeure associée de génétique et d’embryologie à l’Université fédérale de Yaoundé. Ses diplômes internationaux et son engagement en faisaient un modèle rare, notamment pour les femmes désireuses de s’imposer dans les sciences.

Elle s’imposa ensuite dans l’administration universitaire. Elle devint directrice générale du Centre universitaire de Buéa (1988–1993), puis la première vice-chancelière de l’Université de Buéa (1993–2005), avant d’être nommée rectrice de l’Université de Yaoundé I (2005–2008).

Ses partisans reconnaissent son rôle dans la construction institutionnelle et la mise en place de réformes, notamment l’introduction des examens du GCE, qui donnèrent aux étudiants camerounais une qualification reconnue à l’international.

Mais ses détracteurs estiment que son parcours fut marqué par une fidélité sans faille au régime Biya. Sous sa direction, les universités camerounaises furent gangrenées par la corruption, l’ingérence politique et la répression des mouvements étudiants.

Carrière Politique

Njeuma entra tôt en politique. Elle fut nommée vice-ministre de l’Éducation nationale (1975–1985), puis conseillère technique au ministère de la Recherche scientifique et technique (1986–1988). Ces postes la rapprochèrent durablement du système Biya.

En 2009, elle fut nommée membre du Conseil électoral d’ELECAM (Élections Cameroun), l’organe chargé de superviser les scrutins. Officiellement indépendant, il est largement perçu comme un instrument de contrôle du régime.

Son rôle y fut particulièrement controversé lors du dernier grand scandale électoral. Selon plusieurs témoignages, elle fut instrumentale dans l’élimination de la candidature du professeur Maurice Kamto. Le régime craignait que la popularité de Kamto n’entraîne une forte participation et ne rende la fraude impossible. En le neutralisant, ELECAM — avec Njeuma comme figure clé — assura la survie du système Biya au détriment du choix démocratique.

Un Héritage Paradoxal

La trajectoire de Dorothy Njeuma est paradoxale. Elle fut une pionnière de l’éducation des femmes, une scientifique respectée et une administratrice qui marqua durablement l’université camerounaise. Ces acquis méritent d’être reconnus.

Mais ils sont assombris par sa loyauté envers un régime qui prospère grâce à la manipulation et à la répression. Tandis que beaucoup de ses anciens étudiants vieillissent dans la pauvreté, sans emploi ni pension, elle continue d’occuper des postes officiels, cinquante ans après son ascension.

Pour ses admirateurs, elle demeure une preuve que les femmes peuvent briser le plafond de verre dans une société patriarcale. Pour ses critiques, elle est un avertissement : une intellectuelle brillante qui a préféré le confort à la vérité, rejoignant ainsi le parc des lâches de Biya.

Note Éditoriale : La Leçon Plus Large

La trajectoire de Dorothy Njeuma n’est pas isolée. Dans de nombreux pays africains, des intellectuels et universitaires qui incarnaient autrefois l’indépendance sont devenus des soutiens de régimes autoritaires. Ces systèmes s’appuient sur de telles figures : des érudits respectés qui donnent une façade de crédibilité, tout en fermant les yeux sur la confiscation des droits des citoyens.

Son histoire dépasse donc sa personne. Elle rappelle que l’excellence académique ne vaut rien si elle n’est pas accompagnée de courage moral. Le véritable rôle d’un intellectuel ne se limite pas aux amphithéâtres ou aux laboratoires, mais s’affirme surtout dans la défense de la vérité et de la justice, quand elles sont le plus menacées.

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