Une image récente du ministre Paul Njukag Tassong illustre à merveille l’ironie de ce régime. Debout sur une route boueuse, parapluie à la main, il lisait une liste des « réalisations » de Biya — sous une pluie battante, tandis que le sol s’effondrait sous ses pieds. C’était une métaphore parfaite de quarante années de pouvoir : un pays sans routes fiables, sans drainage, sans électricité, où même les élites ne peuvent échapper à la décadence des infrastructures.
Par la Rédaction de The Independentist
Le RDPC, parti au pouvoir dans la République du Cameroun, a lancé une vaste campagne de levée de fonds, présentée au public comme un effort patriotique destiné à assurer la réélection de Paul Biya. En surface, cela ressemble à une routine politique — banquets, promesses de donateurs et discours sur le « renouveau ». Mais derrière ce vernis se cache une réalité plus inquiétante : trouver l’argent nécessaire pour alimenter la machine militaire qui continue de réprimer les populations, en particulier en Ambazonie.
Des précédents historiques inquiétants
L’histoire africaine regorge d’exemples où les collectes publiques ou les « contributions » de partis ont servi à financer la répression. En Afrique du Sud de l’apartheid, les dons au parti au pouvoir ont permis de financer des opérations secrètes contre les mouvements de libération. Au Zaïre de Mobutu, des taxes spéciales alimentaient les unités militaires d’élite tristement célèbres pour leurs exactions. Dans le Cameroun français des années 1950 et 1960, les budgets de « sécurité » ont servi à une guerre contre-insurrectionnelle qui a décimé des villages et assassiné des leaders nationalistes.
La campagne du RDPC s’inscrit dans cette logique. Elle vise moins à mobiliser la participation démocratique qu’à maintenir les circuits financiers qui garantissent la loyauté militaire et la capacité de réprimer.
Des gardiens transformés en prédateurs
C’est la trahison la plus corrosive du pouvoir : quand l’armée, au lieu de protéger les citoyens, est redéployée pour assurer la survie politique d’un régime. En Ambazonie, chaque levée de fonds organisée à Yaoundé se traduit par de nouvelles vagues de raids, d’arrestations arbitraires et de violences contre les civils. Ce qui est vendu comme de la démocratie à Yaoundé devient de la terreur à Bamenda, Buea, Kumbo et Mamfe.
Un instantané de l’héritage de Biya
Une image récente du ministre Paul Njukag Tassong illustre à merveille l’ironie de ce régime. Debout sur une route boueuse, parapluie à la main, il lisait une liste des « réalisations » de Biya — sous une pluie battante, tandis que le sol s’effondrait sous ses pieds. C’était une métaphore parfaite de quarante années de pouvoir : un pays sans routes fiables, sans drainage, sans électricité, où même les élites ne peuvent échapper à la décadence des infrastructures.
Tassong n’est pas n’importe quel cadre. Ancien élève médiocre du prestigieux collège Sacred Heart, issu de la soi-disant « onzième province » de la diaspora camerounaise — terre de substitutions et de déplacements — son parcours n’a rien de surprenant. Le RDPC prospère en promouvant des remplaçants loyaux plutôt que de véritables bâtisseurs. Tassong est ainsi devenu le poster boy de la onzième province : suffisamment instruit pour afficher une façade technocratique, assez loyal pour réciter les échecs de Biya comme des succès, mais condamné à patauger dans la boue, image vivante de la décrépitude du régime.
Les convois du RDPC et un sombre schéma
Les rassemblements du RDPC ont presque toujours lieu le week-end. Les convois qui y conduisent ou en repartent se terminent fréquemment par des accidents mortels. Officiellement, ce sont de simples tragédies dues à l’état des routes. Mais leur répétition — année après année, scrutin après scrutin — a nourri les soupçons. Pour les citoyens, ces morts ne sont pas de simples coïncidences : elles symbolisent la banalisation de la vie humaine dans un système où même les accidents routiers deviennent des sacrifices politiques.
Pourquoi les Ambazoniens doivent rester vigilants
La levée de fonds du RDPC n’a donc rien à voir avec la persuasion des électeurs. Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quarante ans, a depuis longtemps perfectionné l’art de fabriquer des résultats électoraux. L’objectif est ailleurs : acheter la loyauté, financer les chefs militaires, maintenir la coopération sécuritaire avec les partenaires étrangers et réalimenter la machine répressive.
Les Ambazoniens doivent rester vigilants. Chaque gala de collecte à Yaoundé, chaque don d’un magnat, chaque convoi du parti au pouvoir constitue un nouveau maillon de la chaîne qui les étrangle.
Conclusion
L’histoire est implacable envers les régimes qui transforment les levées de fonds publiques en instruments de répression. L’apartheid est tombé. Le Zaïre de Mobutu est tombé. L’empire colonial français est tombé. Le RDPC aussi tombera — car il repose sur des fondations fragiles : une économie creuse, des infrastructures délabrées et une population dont la patience s’épuise.
Le peuple d’Ambazonie, et la communauté internationale qui observe, doivent reconnaître ce que cache cette mascarade de collecte : non pas la démocratie en action, mais de l’argent du sang déguisé en fonds de campagne.
Par la Rédaction de The Independentist

