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La guerre silencieuse contre le capital ambazonien

À la fin des années 1980, les piliers prometteurs du capital ambazonien avaient été démantelés. L’empire de Nangah avait disparu. La Cameroon Bank s’était effondrée. La CDC et le PWD n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes.

Par Afroleaks & Desk Éditorial The Independentist

La destruction de l’empire commercial de Nangah dans les années 1970 ne fut pas un cas isolé. Elle s’inscrivait dans un schéma plus large et délibéré : le démantèlement systématique de la puissance économique ambazonienne afin qu’aucune richesse indigène ne puisse contester la domination de Yaoundé ou des intérêts corporatifs français.

L’essor de l’entreprise ambazonienne

Dans les années 1960, l’Ambazonie — alors Southern Cameroons — disposait d’une économie dynamique. Ses institutions étaient solides et ancrées localement :

Cameroon Bank (Buea) : Fondée par des entrepreneurs ambazoniens, elle servait de pivot pour le crédit, le financement du commerce et l’expansion des entreprises locales.

Public Works Department (PWD, Bamenda) : Bien plus qu’une unité technique, elle fut un moteur d’innovation industrielle, liée à la construction routière, à l’énergie et au logement.

Cameroon Development Corporation (CDC, Victoria/Tiko) : L’un des plus grands complexes agro-industriels d’Afrique, employant des dizaines de milliers de personnes et générant des devises grâce à la banane, à l’huile de palme et au caoutchouc.

Des entrepreneurs privés comme Nangah s’appuyaient sur cette base, développant des réseaux de transport, de logistique et de commerce reliant les ressources ambazoniennes au marché mondial. Au début des années 1970, le capital ambazonien était en position de concurrencer directement les firmes françaises dans les domaines du transport maritime, de la banque et de l’agriculture.

L’instrumentalisation de l’État

Mais, comme dans le cas de Nangah, l’État de Yaoundé utilisa tout son appareil pour saboter l’initiative ambazonienne :

La Cameroon Bank fut surchargée par les ingérences étatiques, contrainte d’accorder des prêts douteux imposés par décret, puis liquidée dans les années 1980.

Les projets du PWD furent volontairement sous-financés ou démantelés, les contrats étant systématiquement transférés à des sociétés françaises.

La CDC devint une vache à lait pour Yaoundé, privée de réinvestissements, et demeure aujourd’hui menacée en permanence de privatisation et d’effondrement.

Chaque fois que l’Ambazonie donnait des signes d’autonomie économique, Yaoundé resserrait l’étau. Les armes de choix furent les taxes excessives, le harcèlement administratif et l’annulation sélective de contrats.

La logique de la Françafrique

Derrière ces manœuvres se cachait la même logique que celle dictée par Paris :

Affaiblir les élites locales afin que la survie dépende de la loyauté et non du mérite.

Maintenir l’économie dépendante des entreprises françaises pour la technologie, le financement et les voies d’exportation.

Punir l’indépendance ambazonienne — économique comme politique — afin d’empêcher qu’elle ne serve de modèle alternatif pour la région.

Un héritage de pertes

À la fin des années 1980, les piliers prometteurs du capital ambazonien avaient été démantelés. L’empire de Nangah avait disparu. La Cameroon Bank s’était effondrée. La CDC et le PWD n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes.

Ce qui subsistait, c’était un système où ceux qui prospéraient le faisaient grâce au clientélisme, à la corruption ou à leur intimité avec le régime — tandis que la véritable initiative entrepreneuriale était étouffée.

Analyse AfroLeaks

Le destin de Nangah et le démantèlement des entreprises ambazoniennes ne furent pas de simples accidents de l’histoire. Ce furent des actes délibérés — une véritable « guerre silencieuse » menée pour effacer l’épine dorsale économique de l’Ambazonie et enchaîner son peuple à un système centralisé, loyal à Yaoundé et à Paris.

Afroleaks & Desk Éditorial The Independentist

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