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La Bourse du Savoir Ambazonien et le Sabotage Français : Le Cas du Professeur Gregory Tanyi

le Professeur Gregory Eno Tanyi était le premier Chef du Département de Mathématiques de la jeune Université Fédérale de Yaoundé.

Par Martin Mungwa, PhD, MBA, PE, F.ASCE, Ancien Chef du Département de Génie Civil, École Polytechnique Yaoundé, Cameroun

Jeunesse et Formation

Le Professeur Gregory Eno Tanyi, fils fier du comté de Manyu et fierté des Ambazoniens, fut un pionnier des mathématiques africaines. En 1964, il obtint son doctorat à l’Université de Toronto, devenant ainsi le premier Camerounais titulaire d’un PhD en mathématiques. Cette réussite constitua une étape majeure pour l’enseignement supérieur au Cameroun et un symbole des promesses intellectuelles de l’Ambazonie dans l’ère post-coloniale.

Leadership Académique à Yaoundé

De retour au pays, le Professeur Tanyi devint le premier Chef du Département de Mathématiques de la jeune Université Fédérale de Yaoundé. Sous sa direction, les mathématiques prirent leur place aux côtés de la physique, de la chimie et du génie dans les disciplines fondamentales de l’université.

Collaboration avec Abdus Salam

Le Professeur Tanyi travailla avec le Professeur Abdus Salam, physicien théoricien pakistanais, fondateur du Département de Physique à l’Imperial College de Londres, et futur Prix Nobel de Physique (1979). Inspiré par les efforts de Salam pour créer des institutions d’excellence dans les pays en développement, Tanyi conçut un projet similaire pour les mathématiques en Afrique.

Le Rêve d’un Centre de Mathématiques

Le Professeur Tanyi proposa la création d’un Centre de Mathématiques à Yaoundé, destiné à développer la recherche, former les mathématiciens africains et relier la région aux réseaux scientifiques internationaux. Une vision qui anticipait l’ICTP (International Centre for Theoretical Physics) fondé plus tard à Trieste par Abdus Salam.

Sabotage Français et Frustrations Politiques

Mais cette initiative fut bloquée par le régime d’Ahmadou Ahidjo, agissant sous l’influence des conseillers français. Parce que Tanyi était Ambazonien (originaire de l’ancien Cameroun britannique), son projet fut jugé politiquement dangereux. Paris et Yaoundé préféraient maintenir la science camerounaise dans l’orbite française plutôt que de laisser émerger un centre dirigé par un anglophone.

Privé de financement et de soutien, le rêve du Professeur Tanyi s’effondra. Tandis qu’Abdus Salam bâtissait des structures internationales encore célébrées aujourd’hui, Tanyi fut marginalisé systématiquement, condamné à une carrière de frustration malgré son génie.

Un Schéma Plus Large : La Mort de la Société Camerounaise des Ingénieurs

Le cas du Professeur Tanyi n’était pas isolé. Le même complot franco-camerounais frappa la Société Camerounaise des Ingénieurs (SCI/CSE), animée par l’innovation anglo-saxonne, l’indépendance d’esprit et la liberté professionnelle. Plus qu’une association, elle était l’ossature de l’Ambazonie démocratique, regroupant des ingénieurs attachés au mérite, à l’intégrité institutionnelle et au service de la société.

Mais cette autonomie était perçue comme une menace. Les autorités, suivant les orientations françaises, étouffèrent son indépendance et la réduisirent au silence. Ainsi, la SCI subit le même sort que le rêve de Tanyi : deux victimes d’un système décidé à briser le leadership ambazonien et à maintenir la dépendance.

Un Témoignage Personnel : La Preuve d’un Schéma Répété

Certains pourraient qualifier ces récits de simples conspirations. Pourtant, mon expérience personnelle vient les confirmer.

À la fin des années 1990, j’obtins une bourse du Commonwealth pour le Temasek Polytechnic de Singapour, dans le cadre d’un programme intitulé « Art to Part on Personal Computers ». J’y fus formé à la Conception Assistée par Ordinateur (CAO) et au Contrôle Numérique par Ordinateur (CNC), outils fondamentaux de la fabrication moderne.

En tant que Chef de Département, j’étais enthousiaste à l’idée d’introduire ces technologies dans mon programme. Le gouvernement de Singapour se déclara même prêt à financer un laboratoire de mécatronique dans notre pays, pour lancer notre capacité industrielle.

Mais à mon retour, lors de discussions avec le Directeur français de l’École Polytechnique, le Professeur Gérard Michel, il me fut sèchement répondu : « Toute initiative de ce genre ne peut être offerte que par la France. » L’idée fut tuée net.

Imaginez le nombre de techniciens qui auraient pu être formés et qui, aujourd’hui, seraient les leaders de l’industrie au Cameroun. Au lieu de cela : le néant. Comme le dit l’adage : « Les Français ne viennent pas pour construire, ils viennent pour étouffer le développement et entretenir la dépendance. »

Mort dans l’Oubli

Le Professeur Gregory Tanyi mourut dans une obscurité relative, son nom s’effaçant peu à peu même au Cameroun. Le rêve d’un centre de mathématiques qui aurait pu former des générations fut enterré avec lui. De même, la Société Camerounaise des Ingénieurs, jadis flambeau de l’autonomie professionnelle, disparut sous le poids du sabotage.

Héritage et Combat Plus Large

L’histoire du Professeur Tanyi — jointe à celle de la SCI et aux témoignages de toute une génération — révèle comment le savoir ambazonien fut systématiquement saboté par la domination française. Il demeure un fils fier du Manyu et une fierté des Ambazoniens, dont l’éclat et la vision n’ont jamais pu être éteints par l’injustice coloniale.

Nous n’oublierons jamais le Professeur Gregory Eno Tanyi. Nous raviverons son héritage, et il sera un modèle pour les générations futures d’Ambazoniens — preuve que, même saboté, l’esprit d’innovation et de liberté ne peut être tué.

Le combat pour la souveraineté ambazonienne n’est pas seulement un combat pour l’indépendance. C’est un combat pour la liberté intellectuelle, pour la prospérité, et pour nous libérer des chaînes qui ont réduit au silence et détruit les pays francophones depuis leur premier contact avec l’impérialisme et la sauvagerie française.

Au-Delà de l’Indépendance : Une Nouvelle Fondation Politique

Un schéma est clair : les impérialistes n’acceptent jamais la responsabilité. Ils insistent sur une paix sans justice, sur des gouvernements d’union nationale au lieu de gouvernements démocratiquement élus avec des idéologies et des responsabilités claires. Voilà les valeurs qu’ils imposent ailleurs, tout en prétendant défendre la démocratie chez eux.

Il revient désormais à nous, Ambazoniens, non seulement de lutter pour la souveraineté, mais aussi de jeter une nouvelle fondation politique pour enrichir notre tissu démocratique. Nous devons construire une politique guidée par l’idéologie, et non par la personnalité.

Le Gouvernement Sako s’engage à consacrer la politique des bâtisseurs — car nous voulons bâtir une nation forte, et non un État fragile entretenu par l’assistanat. Notre vocation est de construire des institutions, non des cultes de personnalité ; de forger un avenir de dignité, non de dépendance.

Honorer le Professeur Gregory Tanyi, c’est honorer cette vision — celle d’une Ambazonie nation de bâtisseurs, enracinée dans la liberté, le savoir et une dignité inébranlable.

Par Dr. Martin Mungwa,

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